Le Portrait vert

 

Sur une chaise

Il était vert

et d'une main

il essuyait avec peine

la sueur qui gouttait

de son front.

Geste digne.

Epuisant.

Appliqué.

Recouvrer son visage,

éviter les traces,

masquer le malaise...

 

Il est livré.

Plié et lucide.

La fatigue l'a trahi.

Son coeur clignote l'arrêt.

 

L'aveu

Avec un paquet dans ses bras

à offrir à sa femme,

il ballotte

à la frange du dérisoire

entre le goût de vivre

et le poids de la fin.

"C'est la première fois",

me dit-il, ennuyé.

A hauteur de sa voix

et de son regard las

je cueille son constat.

 

Avec lui

je n'ai fait que trois pas.

Il ne voulait

que de l'eau.

Je l'ai quitté

quand il a retrouvé

le sourire et la voix.

 

C'était mon médecin.

 

Mon être-là se profile

aussi clair et fragile

que lui.

N° 1 1988

 

 

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