Grâce

Quelle colère m'habite quand l'autre me transforme en bourreau dans le but inavoué de s'ériger lui-même en martyr!

Jeu de pouvoir, jeu diabolique, va-et-vient accusateur et destructeur où deux visages hideux se font face comme les gargouilles grimaçantes d'une cathédrale.

Sale jeu, il faut le dire, où le pied se trouve pris à son insu. Sale jeu où la grâce se trouve piétinée.

Comment ouvrir cette prison? Comme un Petit Poucet, je cherche les cailloux blancs du chemin qui me ramènent à la maison de Vie, à la maison où l'air sent bon, la maison des courants d'air qui font voler en éclat les histoires puantes, la maison où je suis accueillie pour qui je suis, sans hache ni bouclier, sans tablier ni casquette...

Oui, une maison où tombent les masques, la maison qui me donne à vivre, où le Père a des trésors de fête en attente, des baumes de tendresse, une main qui relève, des mots qui ont la chaleur du pardon.

Parce qu'enfin, à travers l'autre, qui donc ai-je blessé, qui ai-je offensé, si ce n'est Celui qui m'attend dans ce lieu où la Vie écarte les pas cassés de la mort?

La grâce, souffle de vie, la grâce qui me tient debout.

 

décembre 1996

 

 

Retour à Table des matières