En marge d'une fête

Je porte en moi ton portrait de souffrance,

ton épaule qui tombe vers le sol

et tes bras clairs

allongés dans ta robe noire

qui monte sur tes cuisses

dans l'arc répété

de ton dos

et de ton ventre.

 

Ton gilet argenté

miroite d'éclats

presque métallisés.

 

Je vois ton oeil

qui cherche sans trouver,

ton regard

qui scrute en fuyant

dans un jeu de paupières

où mincit l'horizon.

 

Je vois tes jambes blanches

plus dénudées

que ta robe est courte.

Elles sont là

d'une pièce

presque sans articulation.

Tes pieds nus,

amoureux de la terre

défient le marbre

et la peinture.

Dans ce deuil aux larges emmenchures

je vois tes bras décidés au service,

et ta voix me rejoint

dans une vigueur insoupçonnée.

Une espérance cachée

vient fendre ton visage

d'un sourire qui l'étoile

et traverse aujourd'hui

le mal-être qui te ronge.

 

Dans le corps à corps

avec ton émotion

trouveras-tu

le lieu pour la vivre

sans qu'elle te détruise ?

 

Trouveras-tu

comment la laisser rire et pleurer

dans une jonglerie

que cisaille

ton intelligence ?

 

Dans la balançoire du temps

sauras-tu te laisser bercer

comme les branches dans le vent

pour une fête qui dure ?

 

N° 2 1988

 

 

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