Tempo d'un visiteur du soir
Je me laisse habiter
par ta lenteur à manger
- presqu'avec déférance -
ce légume apprécié.
Je t'aime
d'être si respectueux,
si peu avide
en ce temps
de consommation
et de manque d'amour.
Entre deux foules
grandit alors
l'espace pour l'autre,
l'attention réciproque,
la joie tranquille.
J'ai compris
quand tu es parti :
le temps plein
était là,
discret, banal...
Il s'élargissait en moi
comme un signe
de l'Invisible Présence
parmi nous.
Suzanne Schell