Vigne
«Pourquoi m'a-t-Il choisie? Dis, pourquoi?» m'a-t-elle dit.
Je l'ai regardée avec tendresse puisque Lui, le Seigneur, Il l'aime. Comme la prunelle de ses yeux.
Je l'ai vue jeunette, droite comme un i. Je l'ai rencontrée embellie d'un feuillage dont les couleurs chavirent sous le soleil d'automne.
Je l'ai vue les pieds dans les cailloux du Rhône. Je l'ai vue accrochée au flanc du Lavaux et sur les pentes neuchâteloises, corsetée en hauteur sur les terres genevoises, rampant sur le sol en Provence, indépendante et belle en Galilée: partout dorlotée!
Les histoires de symboles, d'images, elle ne comprend pas. Elle se tient debout pendant que Lui la protège et lui dresse un genre de garde-fou.
Mon peuple, dit le Seigneur, est comme cette vigne que j'aime. Elle porte la fête dans ses basques, une promesse qui fait rêver, de la joie pour demain.
Il y a bien longtemps, le juste qui a échappé au déluge l'a découverte au cours d'une fameuse cuite, feu vert au plaisir de vivre après un monstre sauvetage.
«Crois-tu que je suis complètement démodée comme vigne du Seigneur, m'a-t-elle dit?»
Vigne choisie, ta sève claire comme de l'eau perle au soleil et goutte sur la terre, force vive à travers le bois, lumière qui scintille au bout de chaque tige,
«Je suis la vraie vigne», dit Jésus, «vous êtes les sarments!» N'est-ce pas la vérité d'un lien solide, d'une relation attachante? Pour aujourd'hui?
Vigne choisie, tu l'es aussi pour le goût de l'espérance qui envahit le coeur à chaque partage de ton fruit en rappel du dernier repas de Jésus.
décembre 1996